Selon les dernières statistiques de l’Assurance retraite, les affiliés de ce régime ont liquidé en moyenne leurs droits à 63,4 ans l’an passé.
Les salariés et travailleurs indépendants n’ont pas attendu la dernière réforme des retraites pour travailler plus longtemps. D’après les données diffusées le 21 mars 2024 par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), qui gère la retraite de base des salariés des entreprises et associations, des artisans, des commerçants et des agents non titulaires de la fonction publique (contractuels, vacataires) et constitue - de loin - le plus important régime de retraite avec plus de 15 millions de retraités (sur 17 millions), ses affiliés ont, en moyenne, quitté la vie professionnelle à 63,4 ans l’année dernière.
Pour rappel, il n’est pas possible, en France, de liquider ses droits à la retraite avant d’avoir atteint un âge minimum. Dénommé « âge légal de départ à la retraite », cette borne d’âge a longtemps été fixée à 62 ans. La réforme des retraites de 2023 a décalé progressivement l’âge légal de trois mois par an à partir des assurés nés entre le 1er septembre et le 31 décembre 1961 pour atteindre 64 ans pour ceux nés à compter du 1er janvier 1968. Grâce à ce recul, le gouvernement espère résorber le déficit du système français des retraites causé par le vieillissement de la population.
Des départs anticipés non négligeables
C’est dire si les pouvoirs publics doivent se réjouir à la lecture des statistiques de la Cnav. Alors que les salariés, indépendants et agents non titularisés qui ont pris leur retraite l’an dernier pouvaient le faire, selon leur année de naissance, à 62 ans ou à 62,3 ans, ils sont donc partis plus d’un an plus tard. Et encore : il s’agit là d’une moyenne. Il existe, en effet, des dispositifs qui permettent de liquider ses droits avant l’âge légal. Le plus important d’entre eux est la retraite anticipée pour carrière longue (RACL).
La RACL permet de partir avant l’âge légal, à condition de justifier de tous ses trimestres de cotisation vieillesse et d’avoir commencé à travailler jeune. Depuis le 1er septembre dernier, les Français avec une carrière complète peuvent partir à 58 ans s’ils ont validé quatre ou cinq trimestres (selon leur mois de naissance) avant 16 ans, 60 ans avant 18 ans, 62 ans avant 20 ans ou 63 ans avant 21 ans. Selon la Cnav, 16% des nouveaux retraités ont pu ainsi prendre leur retraite en 2023 avant l’âge légal grâce à la RACL.
Éviter la décote
En réalité, si l’âge de départ effectif s’est situé à 63,4 ans l’an dernier, c’est parce que les assurés ont attendu d’avoir validé tous leurs trimestres pour partir à la retraite et éviter, de cette façon, de subir une décote. On les comprend : la pension est alors minorée de 1,25% par trimestre manquant.
Certains vont même au-delà de leur durée de cotisation. Dans ce cas, la pension est majorée de 1,25% par trimestre supplémentaire travaillé. Près de 19% (18,6% exactement) des néo-retraités de 2023 sont ainsi partis avec une surcote.